POUR LA SURVIE DE L’ATELIER DANSE MANON HOTTE/CIE VIREVOLTE

Un studio de danse concentré, actif, ruche bourdonnante et silencieuse.
Il y a 8 danseurs/euses : Jessica, Manon, Claire, Aïcha, Syanine, Louise, Victoria, Loïc, et aussi Manon pour la direction, Marion pour le coaching chorégraphique, Claire pour les lumières, Robin pour la video, et Marie pour la musique .

Chacun/e est à sa tâche: certains esquissent, répètent, affinent les mouvements de leurs solos face à un vis-à-vis qui regarde, coache, conseille, écoute, oriente... Une danseuse s’entretient avec Claire: «Comment veux-tu éclairer ton espace personnel ? Avec une lampe de poche... » A la table, une autre est avec Marie: « - J'aimerais des sons éphémères, comme des flashs », souvenirs des interventions low cost passées.... « - J’ai des rires, des craquements... Ecoute ça... » Là-bas, d’autres prennent des notes dans un cahier qui ne les quitte jamais, histoire de ne pas oublier le trait de génie découvert aujourd'hui. Plus loin un danseur est en train de filmer une séquence à la vidéo.

Non, ce ne sont pas des danseurs professionnels préparant leur prochaine création, ce sont « juste » de jeunes danseurs de 12 à 18 ans, « juste » des écoliers, collégiens, consacrant plus de 10 heures par semaine à la danse, à la compagnie Virevolte dont ils font partie.

Ce qui frappe d'emblée c'est l'autonomie, le degré d'exigence et de sérieux, l'implication, la responsabilité de chacun/e. Les objectifs sont clairs, les doutes liés au processus sont co-assumés, on discute ensemble, on rectifie la trajectoire, pour que le propos voulu ne se dilue pas dans la complaisance individuelle et narcissique.

Qui dans cet univers artisitique, peut se vanter d'être capable de prendre tout seul en compte tous les paramètres d'une création chorégraphique: danse, scénographie, son, lumières, espace, images?

Ici et maintenant, se prépare le «  Low Cost Dance Project », nom prédestiné de la prochaine création de la compagnie (à voir au Galpon des Péniches du 7 au 11 juin 2011). On sent, non pas « juste » quelques mois de répétitions, mais bien les années d'une démarche débutée souvent dès l’âge de 4 ans, enrichie par la danse classique et contemporaine, l’improvisation, la formation en BMC, le Feldenkrais, la musique, le théâtre, les arts plastiques et visuels, etc... Elle est menée par des pédagogues, chorégraphes, artistes et praticiens parmi les plus expérimentés et renommés du moment.

Dans ces murs s’exprime également la perennité d'une mémoire: des années de recherches en création interdisciplinaire, de nombreuses performances mêlant artistes et jeunes danseurs, des spectacles généreux, conçus par la force créatrice de chaque intervenant, élèves, danseurs, musiciens, comédiens .... les semaines et samedis « découvertes », les stages interdisciplinaires, les ateliers proposés par le DIP, les nombreuses collaborations inter-institutions...

Nous sommes un nombre incalculable de personnalités artistiques tous azimuts à collaborer ici dans nos disciplines respectives, à participer à des événements essentiels à l'ADMH. Nous nous enrichissons régulièrement d'un travail d'une générosité et d'un engagment artistiques rares. Nous réalisons pleinement et au quotidien ce que Manon Hotte a construit à Genève, année après année: une plateforme de création chorégraphique et de réflexion sur l'art en général, non seulement pour les jeunes danseurs, mais aussi pour l'ensemble des artistes. Nous sommes les témoins du développement d'une pédagogie unique (dont une formation pré-professionnelle) mûrement réfléchie et éprouvée.

Ce lieu incontournable dans le paysage de la formation artistique et de la création à Genève et dans le monde n'existe nulle part ailleurs. Il est donc de la responsabilité de chacun de nous d'investir pour le faire continuer d’exister afin que Manon et l'ADMH restent les moteurs d’une entreprise unique et essentielle.


Marie Schwab, musicienne, enseignante à l'Espace Musical, collaboratrce régulière à l'ADMH