Un peu d'humanité

Chers professeurs,

Nous ne sommes pas en vacances et nous voudrions être à l’école. Nous sommes traumatisés.

Nous demandons aux enseignants de tenir compte de la fracture numérique pendant le confinement.

Appareils différents, partage d’appareils dans les familles nombreuses, obligation de laisser un ado jouer à la Play sous peine de pétage de plomb en confinement, grande sœur en podcast avec l’Unif, bogues divers et variés...

Une des missions de l’enseignement est de garantir les mêmes chances à tous. Cette mission n’est actuellement pas du tout remplie. Un enfant de parents et proches universitaires n’a pas les mêmes chances qu’un enfant de parents et proches illettrés.

Comme les responsables le disent, nous devons prendre soin de nous et des autres. Prendre soin de nous signifie survivre tant bien que mal. Nous voudrions avoir du temps pour téléphoner à nos vieux, faire les courses, pleurer nos morts, nous rassurer.

Beaucoup de professeurs sont dans le déni total du drame qui nous touche. Quelle facilité pour un prof d’envoyer un mail à 10 heures avec une réponse pour 16 heures, sinon le travail n’est même pas corrigé.

Tous les élèves en formation « sociale », comme celle d’éducateur, d’assistant social... veulent passer du temps sur le terrain. Aider des SDF, rassurer les proches, plutôt qu’à tout prix terminer des cours dont l’apport est parfois plus que doutable.

Chers professeurs soyez empathiques à notre égard, s’il vous plait. Nous dormons mal.

Ma maman est infirmière, mon papa est médecin, mon oncle par alliance d'origine italienne, mon frère tenait un snack...

Apprenez-nous la solidarité plutôt que l’individualisme. Plus que jamais nous en avons besoin, maintenant et plus tard.

Inventez-nous un Nouveau Monde plus solidaire.

Laissez-nous supporter l’insupportable et arrêtez de nous stresser. Nous ne voulons pas terminer alcooliques.

Cadrez-nous, mais soyez conscients de notre traumatisme. Laissez-vous guider par des psychologues empathiques si vous n’y arrivez pas naturellement.

Nous n’avons pas les ressources intellectuelles pour nous concentrer et produire un travail de qualité et nous refusons que l’enseignement augmente les inégalités entre tous.

Prenez soin de vous.

Un cri d’alarme pour représenter des étudiants désespérés

Responsables de l'enseignement    Contacter l'auteur de la pétition